Foutu train, foutue journée, foutus conducteurs, FOUTUS GRÉVISTES OUI ! Lever à 7h' du mat', départ de l'hôtel à 7h58, arrivée à la gare de Marseille à 8h17... arrivée à Berezina à 20h34. Ah les joies des grèves, gares bloquées, trains bondés, foule déchaînée, policiers dépassés... Ô France, grand pays des droits de l'Homme et de l'expression d'opinion.
- IDIOT DE PAYS DE GLANDEURS OUAIS !
Et c'était d'excellente humeur, après moult péripéties, sprints sur les quais, changements, engueulades avec d'autres passagers excédés et autres qu'Adrianna fit ses premiers dans la belle ville d'Aubagne chargée d'une lourde valise. Évidemment pas UN taxi à l'horizon. Si ça se trouve, en plus des conducteurs de trains les chauffeurs de taxis faisaient également grève... Hum non, elle se souvenait avoir fouetté un enfoiré de chauffeur qui lui avait gentiment proposé de la déposer où elle souhaitait se rendre... à condition que la note soit multipliée par 4. Ah les français et leur galanterie ! Que du bonheur ! D'ailleurs à propos de galanterie elle sentait le gros lourd de service arriver à 3 kilomètres à la ronde. Elle regrettait vraiment de ne pas avoir pris le temps de se fabriquer un faux permis de conduire à sa nouvelle identité.
- Bonsoir, ma p'tite demouézelle, besoin d'aide ?
Hé bingo, hop un Môsieur, la trentaine probablement, pas très moche mais l'air très c*n qui venait de l'accoster avec un grand sourire dévoilant des dents pas très très bien entretenues et une haleine qui tenait d'un mélange de bouc et de chaussette moisie. Casse-toi pôv naze ! D'où tu viens parler à la grande, la très merveilleuse, la très parfaite Franziska, génie du barreau allemand ? C'est quoi son problème ? Pourquoi est-ce qu'il venait lui parler à ELLE ? C'était la pleine lune ce soir ? En s'apercevant que la dragueur du dimanche avait les yeux rivés sur le sol non pas par timidité, mais pour mieux mater ses jambes, elle se dit intérieurement que la prochaine qu'elle mettrait une jupe qui s'arrêtait au-dessus du genoux, elle mettrait un manteau ultra long avec et TOC ! En tout cas, il pouvait toujours courir celui-là. Jamais ! Jamais elle ne prendrait, ne serait-ce qu'un millième de secondes pour l'envoyer balader ou même lui jeter un regard chargé de dégoût. Méthode infaillible pour envoyer paître les roublards : le portable. Ah quelle magnifique invention que le portable ! Quoi de mieux pour foutre un vent magistral que le portable ? Démonstration : Sortant un I-Phone flambant neuf de sa poche, elle se mit à appeler un numéro au pif (en l'occurrence le répondeur) et à débiter un flot de paroles à toute vitesse en anglais avec un énorme accent américain avant de contourner le relou de service comme s'il n'existait pas. Le pire c'est qu'elle baragouinait absolument n'importe quoi à la Madame de France Telecon (une vieille histoire de rouge à lèvres qu'elle venait d'inventer), de toutes façons elle doutait que son "prétendant" comprenne un seul mot de ce qu'elle racontait. Mais, malheur ! Le sagouin était collant ! Il s'empressa de la suivre en faisant de grands signes pour attirer son attention avant de se poser devant elle. Phase numéro deux du plan : coups de talons aiguilles. Adrianna n'était peut-être pas bien lourde, 50 kilos sur le gros orteil droit avec des talons hauts de 10 centimètres, ça faisait trèèèès mal quand même. Enfin, c'est ce qu'elle supposa en entendant le "BWAAAAAÏE" mémorable qu'il vociféra avant de dégager sans demander son reste. Qu'est-ce qu'il fallait pas faire pour avoir le paix dans cet idiot de pays... Idiots de bouffeurs de cuisses de grenouilles va...
Bon maintenant qu'elle était tranquille, lui ne lui restait plus qu'à trouver l'appartement qu'elle avait loué. Dire qu'elle avait annoncé par téléphone au proprio qu'elle serait là vers 15h au plus tard. Faire le point, pas de cartes dans les alentours, personne : RIEN. Rien, rien, même pas un chat noir. Raaah, glandus ! Ville d'idiots ! Épuisée (mine de rien ça crève le train), elle se mit à marcher au hasard dans la rue, traînant sa valise, en quête d'un café à l'air pas trop glauque où se poser.
"Au p'tit coin convivial"... Idiote d'enseigne. C'est idiot comme nom "le p'tit coin" c'est pas les W.C en France ? Erf, ça se passait de commentaire. Peut-être que le gérant avait pensé à autre chose en nommant son café, oui ça devait être sûrement ça. Assise au comptoir, sirotant un café bien chaud, Adrianna se remit en mémoire les événements de la journée tout en se demandant pourquoi elle avait décidé de s'installer dans un tel coin. D'après les dernières informations qu'elle avait obtenu. Son père avait été mis en prison pour avoir falsifié des preuves dans le but d'aider un ami à enfermer quelques mafieux du coin. Si ses sources étaient exactes, l'ami en question avait été tué dans la région. Quoi de mieux pour une enquête sur la mafia que de commencer au cœur même d'un repère de mafieux ?
Mar 27 Jan - 21:51
